Au nom de l'art, la question de la liberté
Au nom de l'art
• Exposition de cadavres humains
• Caricatures
• Excrément dans des boîtes
• Jeu et détournement de la loi
• Prise et éloge drogue
• Rachat de peau humaine
• Marché de l'art : surestimation des oeuvres
• Estimation du vide
• Pornographie justifiée
• Acceptation de la nudité
• Exclusion de la politique
• Détournement des conventions sociales
• Expression de la liberté non violente (physique)
• Expositions de cadavres et viscères d'animaux
• Mise en danger de l'artiste
• Malmena du spectateur
• Génie du blanc
• Fausse intellectualisation
• Mensonges
• Provocation
• Discrédit
Peut-on tout accepter au nom de l'art ? L'artiste se prend quelques fois pour Dieu mais se retrouve également à prendre la parole pour toute une communauté qui ne possède pas tous les moyens de l'artiste et donc cette liberté d'expression. Faire passer un message, poser des questions, dénoncer un acte ou un comportement devient un devoir pour l'artiste qui, via ce statut peut parfois déroger à certaines conventions et ordres établis pour arriver à ses fins. Mais il ne faut pas confondre liberté de création et de parole, et abus de position. L'artiste possède plus de moyens mais il ne doit jamais oublier qu'il est un être humain comme tous ses contemporains et ne se trouve pas dans le droit d'abus ou de préjudice. Peut-on en tant qu'artiste se permettre toutes les fantaisies sous prétexte que l'on désigne comme étant de l'art et donc également propice à la vente ?
Sur quels points faut-il s'appuyer pour évaluer un travail plastique, quels sont les critères d'évaluation en art ?
• L'exactitude des références
• Les critères de la culture savante (ref à l'art brut et à la table rase)
• Question de comment on s'inscrit dans notre temps et d'où on parle
• Le point de vue est un critère (conscience de ce dont on parle et permettre à l'interlocuteur de pouvoir en avoir lui même) ; critère subjectif (ex : Duras qui parle de sa mère mais au travers de LA mère, ce qui permet au lecteur de pouvoir avoir une réflexion dessus)
• Effet de connivence
• Positionnement pas rapport à la production
• Positionnement au travers de la production de l'art et comment on s'engage dans a production (de la sympathie à l'empathie)
• A quel niveau on témoigne de notre époque ( critique, immersion,...) ; objectivité, subjectivité.
• Ce que j'ai envie de dire, et avec quelle réception
• Exactitude, vérité, authenticité.
• Dimension du plaisir
• Dimension du temps ; critère qui n'existe pas encore mais qui se développe dans le temps ; profondeur réflexive.
• Qu'est-ce qui motive notre travail ? L'art et l'engagement. Comme proposition judicieuse que l'on ferait au nom de l'art.
• Parti pris que l'on veut mettre en avant ; droit de le dire sans avoir l'air de le dire. Dissimuler en quelque sorte ce que l'on dit.
• Sur quel terrain se place-t-on ? Dans quelle mesure on estime que ce qu'on a à dire est radical ? (radicalité plastique, esthétique). A quelle forme de radicalité s'intéresse-t-on ? Et jusqu'où peut-on aller au nom de l'art ?
• Il faut savoir nous définir dans notre production. Questionner les limites de notre art. Savoir jusqu'où elle va dans son expulsion la plus radicale.
Dans cette question complexe qu'il est de savoir où se trouvent les limites dans l'art, dans notre art, et s'il en existe véritablement au nom de cette pratique j'ai choisi de répondre plastiquement avec une certaine ironie. Dans l'idée que les artistes peuvent se permettre d'exposer cadavres, moisissures, excréments et déchets sous l'appellation de la création artistique (et donc absolue?), il est acquis dans mon esprit depuis un certain temps que la tentative de choquer les esprits, les mœurs, les ordres établis n'ont plus l'effet escompté depuis longtemps. Aussi la question de la limite dans ma pratique est présente depuis pratiquement toujours et je ne suis plus dans la recherche de provoquer pour attirer l'attention mais plutôt d'utiliser une esthétique qui peut peut-être encore être dérangeante pour provoquer plus de questionnements et d'émotions de la part du spectateur.
Mon travail se porte sur plusieurs aspects qui tournent autour des drogues et de la création artistique. Le LSD peut-il être un médium pertinent ? L'hallucination est-elle une image source d'un nouvel imaginaire qui diffère de celui qui habite déjà les artistes ? Les techniques hallucinatoires sont-elles génératrices de pâles copies des effets des drogues psychédéliques où au contraire peuvent-elles parvenir à fabriquer des sensations qui ne reproduisent pas mais proposent des chamboulements perceptifs de la même puissance au spectateur ? La question de la limite se pose donc là aussi dans ce champ de recherche. Sur plusieurs plans par ailleurs : la religion, l'étique, le droit, la morale, etc... J'ai choisis d'occulter cet aspect là pour me concentrer sur l'essentiel de ce propos et son rapport à l'art, en l'épluchant de toute couche sociologique, sociale, morale.
Cependant au travers de ce projet, il a été intéressant de m'y replonger pour le toucher à nouveau du doigt. J'ai donc pris mon processus habituel à l'envers et au lieu de reprendre l'hallucination pour la transformer en une nouvelle forme, j'ai choisis de purement l'illustrer, non pas dans des images directes qui reprennent les images mentales mais en illustrant les sensations subies via des images qui me parlent à moi seule, sans préoccupation (pour une fois!) de ce que le spectateur pourrait interpréter.
C'est ainsi qu'apparaissent deux corps dans une mise en scène photographique. L'homme a été pris en position couchée sur un fond noir, sans aucun élément de décor. Il y a ainsi perte de repère de l'espace et le corps nous paraît dans une position inhabituelle, instable. Est disposé sur lui une couche de nourriture réalisée de sorte à ce qu'elle ressemble à du vomi. Sa tête est recouverte de scotch de bondage, ce qui dissimule entièrement son visage et ne laisse entrevoir sa présence qu'au travers des légers reflets provoqués par la lumière.
Même processus pour la femme, hormis qu'elle soit assise et non couchée (avec la chaise entièrement dissimulée), et que le ketchup, figure du sang des règles, remplace la régurgitation.
Tous ces éléments représentent plus ou moins réellement les sensations sous états de conscience modifiés. L'impression de trouver sa tête sous étau, privé du rapport direct avec la réalité, où tout est plus sourd, dissimulé, caché. L'incertitude et le mélange entre ce qui est à l'intérieur et le corps extérieur, mix des entrailles et du physique visible est également représenté. Le corps n'a plus de posture définie, les objets environnants disparaissent. Ce rapport de la nourriture comme symbole des fluides corporels intérieurs est une idée que je réutilise souvent et qui m'a été inspirée en premier lieu par Paul McCarthy, l'utilisation de masque et la dissimulation de l'identité également. Il ne s'agit pas d'évoquer une individualité mais de prendre l'unité pour évoquer la communauté.

