Heidi Morstang
Heidi Morstang
Heidi Morstang est une artiste internationale norvégienne qui pratique la photographie, la vidéo et le documentaire expérimental. Elle travaille sur les paysages, ce qu'ils dégagent, et leurs histoires avec l'être humain et sa conscience. Ses vidéos comportent peu de dialogue et sont contemplatives. Elles fixent le regard du spectateur sur les détails des paysages. La nature est vue au travers du voile de l'art numérique. La caméra ou l'appareil photographique permettent d'appréhender les visions de l'environnement avec un œil neutre et lointain. Les couleurs et les formes sont enfermées dans un cadre et comportent ainsi un nouvel impact visuel.
Le film In Transit traite du rapatriement des volontaires norvégiens en coopération avec les forces SS pendant la seconde guerre mondiale. Les plans sont long et comportent souvent des gros plans ; l'ambiance est méditative et permet de réfléchir entièrement à cette situation durant le film. L'on peut y contempler des archéologues découvrir et extirper du sol les restes osseux de ces personnes. On passe de paysages en paysages, comme s'ils étaient des personnages à part entière. La politique actuelle en Norvège est un ligne qui suit tout le long du film et pose la problématique de cette situation : le refus de ce rapatriement. Le film est ainsi construit sur l'ambiguité entre le discours politique autour de ce sujet dérangeant du passé et le décor actuel relatif à ce propos qui l'illustre anachroniquement.
Outre les questions politico sociales liées à des lieux précis, le soucis de l'écologie est également présent dans son travail. On le ressent dans son film Prosperous Mountain. Le territoire de l'Arctique et son rôle sur la planète y sont explorés. C'est un véritable portrait de ce territoire glacial qui nous révèle également la relation qu'il entretient avec l'espèce humaine. Celle-ci récolte, transporte et conserve les graines sur une échelle mondiale. C'est une réflexion sur la biodiversité de la flore qui décline de plus en plus et sur certains végétaux qui sont en extinction, et le fait que les êtres humains collectent dans une folie maniaque des graines pou subvenir aux besoins nutritifs dont nous auront besoin lorsque les plantes seront devenues trop rares. Seulement les conditions climatiques actuelles sont problématiques et pourront peut être empêcher l'évolution des semences. On visite ainsi au travers de l'optique de la caméra la Svalbard Global Seed Vault, un site de stockage sécurisé situé au cœur d'une montagne arctique, dans le permafost, à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce dispositif apparaît comme le miroir de ce que pourrait être notre futur.
Le travail de Heidi Morstang est réflexif sur la condition de l'homme sur la planète et l'avenir qui le survole. C'est une vision poétique sur des problèmes qui sont communs mais inquiétants. Cependant, en quoi est-il pertinent que l'artiste traite ce genre de sujet. Possède-t-il une vision différente ou complémentaire à celle du scientifique ? L'art est-il un moyen fort pour faire réfléchir à ce sujet qui préoccupe l'avenir de l'espèce ? Peut-être est-ce plus percutant pour le spectateur de réfléchir sur ces fléaux au travers d'une esthétique. Les médias assomment la population de catastrophes et culpabilisation, une touche contemplative à la réflexion ne peut être que bénéfique aux avancées des pensées.
Le technoromantisme1 et l'art planétaire2 répondent à cette volonté d'art pédagogique. Développés par Stéphan Barron dans ses écrits et sa pratique artistique, ces concepts prennent la Terre en tant que pilier à la création artistique. La technologie et la distance géographique sont au cœur de ces pratiques, ce sont des pensées perceptives, émotives, poétiques et éthiques.
Notre planète et les paysages qui la composent sont au centre des efforts plastiques et sont on ne peut plus actuels et en phase avec les actions sociales actuelles.
1Stéphan Barron, Technoromantisme, Editions L'Harmattan, « Esthétiques », Paris, 2003.
2Ibid, Toucher l'espace. Poétique de l'art planétaire, Editions L'Harmattan, Paris, 2007.